concert au crépuscule (libre)

Askôn sortit de l'Académie au coucher du soleil. Il n'avait pas envie de rester avec les autres dans la salle commune à discuter. Une étrange mélancolie s'était emparée de lui, et il ne voyait qu'une solution pour y remédier. Il était discrètement allé prendre son violon dans sa chambre, et était sorti de la pièce sans se faire remarquer. Il erra un long moment aux alentours, avant de comprendre à quel endroit il désirait réellement aller. Le sourire aux lèvres, il rentra dans le bâtiment et monta jusqu'au toit. Il s'assit confortablement sur la terrasse qui y avait été aménagée et contempla le soleil couchant. L'astre du jour effleurait à peine l'horizon, mais déjà, tout le paysage se paraît de couleurs rougeoyantes. Le jeune homme posa le violon qu'il avait amené avec lui sur ses genoux. Il resta un long moment immobile.

"C'est beau... J'ai l'impression que le soleil n'a pas la même couleur qu'avant. Comme s'il était devenu chaleureux, et non plus simplement chaud... Maïlyse..."

Il installa délicatement son violon sur son épaule et posa son menton dessus, les yeux toujours fixés sur le coucher de soleil. Une mélodie commençait à se former dans sa tête. Il attendit que le début ait suffisamment pris forme pour qu'il puisse le jouer, puis commença. Les notes s'élevèrent les unes après les autres dans l'air. La suite du morceau lui venait spontanément, sans qu'il ait besoin d'y réfléchir. Il était tellement absorbé par sa musique qu'il n'entendit même pas quelqu'un s'approcher.

Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 28/04/2011

J'étais enfin en poste, que je ne tenais absolument plus en place. J'étais comme un gosse, on aurait absolument pas dit un professeur !! Je voulais grimper au plus haut, au sommet. Je voulais crier mon bonheur, je voulais que les gens sachent à quel point j'étais heureux. et puisque j'avais la possibilité de grimper sur le toit, j'allais le faire. Je voulais expérimenter ce truc que j'avais essayé, une fois.

Courant comme un fou jusqu'au toit, je m'installai dans un endroit désert, mais une musique s'envolait autour de moi. Le vent susurrait à mes oreilles, une merveilleuse mélodie, pleine d'amour et de chaleur. Une musique touchant au cœur. Matérialisant mon sabre, je fis venir à moi différents vent, soufflant avec tendresse, et faisant vibrer tour à tour mon sabre, le faisant résonner selon certaines variations, rendant des sons magnifiques, doux et forts à la fois.

J'aimais malaxer le vent pour qu'il m'offre des sons incomparables en venant se frotter contre mon sabre. J'avais les yeux fermés, un sourire aux lèvres, les mains levées au niveau de mes épaules, paumes levées vers le ciel. J'avais décidé de m'accorder sur le violon (oui, le son que la mélodie rendait m'avait fait deviner l'instrument), pour jouer selon les variations qu'il ferait. Lorsque le violon arrêta de jouer, je cessai à mon tour, laissant quelques minutes s'écouler.

"C'était magnifique. Vous jouez vraiment très bien !"

Askôn avait fermé les yeux sur la fin de son morceau. Inconsciemment, il s'était adapté aux sons étranges, mais beaux, qui lui parvenaient. Par contre, plongé dans l'extase que la musique lui procurait, il n'avait pas réalisé que ces autres notes indiquaient que quelqu'un l'avait rejoint. C'est pourquoi il sursauta en entendant lui parler et se retourna d'un bond, véritablement surpris. Heureusement, il ne s'était pas mis trop près du bord, et n'avait donc eu aucune chance de tomber. Il fut surpris de découvrir quelqu'un qu'il ne connaissait absolument pas.

"Merci. Désolé d'avoir sursauté, c'est juste que je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un d'autre que moi ici..."

Le jeune homme sourit d'un air d'excuse. Il ne voulait pas que son interlocuteur croie qu'il l'avait dérangé. Il n'avait rien contre de nouvelles connaissances.

"Ah, en fait, je viens de réaliser, mais c'est vous qui avez joué avec moi, non ? Je ne crois pas vous avoir déjà vu ici. Vous êtes nouveau, j'imagine ? Je m'appelle Askôn. Enchanté de vous rencontrer."

Il n'avait pas l'habitude de vouvoyer les gens, même lors de leur première rencontre, mais, cette fois, il avait instinctivement employé le vous. Quelque chose lui soufflait qu'il n'était pas en face d'un élève. Alors, un nouveau professeur, peut-être ?

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Je lui souris d'un léger sourire en coin, désolé de l'avoir fait sursauter. Il semblait totalement déboussolé, et je commençais très mal mon travail de professeur !! Descendant à sa hauteur, je m'assis à ses côtés, les mains appuyées sur les tuiles, la tête légèrement en arrière, tournée vers lui. Mon sabre s'était dématérialisé dans mon dos et avait regagné sans place le long de ma colonne vertébrale.

"Je regrette de vous avoir fait peur. Je n'ai pas pour habitude de m'inviter à l'improviste, mais j'ai trouvé votre musique très belle, alors..."

Je me sentais à nouveau embarrassé, et mon sourire se fit légèrement crispé.

"Oui, c'est bien moi qui ai joué avec vous. Et, oui, je suis nouveau ici. Je viens de décrocher le poste d'infirmier et de professeur de médecine & de contrôle du vent. Je m'appelle Erwan, enchanté."

Levant une main, je la tendis dans sa direction pour qu'il puisse la serrer franchement.

"D'ailleurs, la façon dont tu as joué, avec ton violon... Cette harmonie... Tu disposes aussi du pouvoir du vent, n'est-ce pas ?"

Oups. Je l'avais spontanément tutoyé. Quel imbécile je faisais !

"Navré. Ce n'est pas de l'irrespect, certainement pas... J'ai juste beaucoup de peine à vouvoyer mes "compagnons", ceux qui ont aussi le vent à leur disposition. C'est pour moi un lien non négligeable."

Askôn ne s'était donc pas trompé dans ses suppositions. C'était bien à un professeur qu'il avait à faire. Il étudia discrètement le visage de l'homme. Sa première impression n'était pas du tout désagréable. Il secoua doucement la tête en souriant.

"Oh, ce n'est rien. C'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être surpris, à part quand je joue de la musique. Est-ce que je peux vous poser une question ? reprit-il après un petit silence.Avec quel instrument avez-vous joué ? Je ne me souviens pas avoir jamais entendu de pareilles sonorités..."

Le jeune homme sourit et serra la main qu'Erwan lui tendait.

"Oui, vous avez raison, j'ai un pouvoir de contrôle du vent. D'ailleurs, souvent, la musique que je joue m'aide à mieux le contrôler. C'est difficile à décrire, mais... Enfin bon, je serai un de vos élèves, donc. Vous avez de la chance, si vous étiez venu l'année dernière, vous auriez eu du travail avec moi : je ne contrôlais absolument pas mon pouvoir !"

Askôn eut un léger rire en se rappelant de cette période. Quand il était tombé sans le faire exprès dans les sources chaudes, poussé par la rafale de vent qu'il avait lui-même invoquée...

"Oh, vous n'avez pas à vous en faire pour cela. Si j'avais considéré comme une marque d'irrespect à chaque fois que quelqu'un me tutoyait, je n'aurais pas fini ! Et puis, dans ma famille, on a l'habitude d'être facilement familier avec les gens. Donc je crois que je ne l'aurais même pas remarqué si vous ne l'aviez pas dit."

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J'esquissai un sourire à sa question avant d'en rire, sans la moindre marque de moquerie. C'était plutôt un rire formulant le vide qui venait de s'installer en moi, parce que la réponse que j'allais lui donner me paraissait tellement grotesque, que...

"A dire vrai, il ne s'agit pas réellement d'un instrument. J'ai simplement matérialisé mon sabre, et j'ai laissé libre cours à mon imagination en le faisant vibrer au gré des vents que j'invoquais. Je suis plutôt content pour une 1e fois d'ailleurs, les sonorités que j'ai obtenues n'étaient pas mauvaises pour la plupart !"

Je fus ravi qu'il accepte ma poignée de main, et la serrai franchement, sans être brusque, pour lui communiquer ma sympathie.

"Peu importe votre niveau actuel, ce que vous avez été ou ce que vous êtes maintenant. Dans tous les cas, je suis là pour vous aider, et je compte bien y arriver. S'il fallait tout reprendre du début je le ferais, ce serait même pour moi un défi que j'aimerais certainement relever. Ma méthode d'enseignement est en fait très simple à cerner : confiance et respect de son corps, et tout ce qui va avec."

Sa dernière phrase me surprit légèrement. Si je comprenais bien ce qu'il venait de me dire, peu de personnes de son entourage n'avaient fait l'effort de lui témoigner du respect au travers des mots, sa famille mise à part. A moins que je ne sois trop à cheval sur la signification des phrases des gens, comme d'habitude...

"Je tenais quand même à le préciser. Pour moi, les mots et les tournures des phrases ont une valeur non négligeable, j'ai souvent tendance à essayer de réfléchir 3 bonnes heures avant de parler pour éviter de froisser mes interlocuteurs, de quelque manière que ce soit."

Askôn écarquilla les yeux. Un sabre ? On pouvait faire de la musique aussi belle avec un sabre... ?

"Je suis impressionné ! Je n'aurais jamais pensé qu'on pouvait faire de la musique avec un sabre ! Vous êtes vraiment très doué ! Et en plus, vous êtes modeste. J'ai trouvé les sons très beaux, pour ma part."

Mais dans ce cas... Une idée venait de germer dans l'esprit du jeune homme, qu'il se promit d'essayer par la suite. Un deltaplane musical... Enfin. Au vu de la manière dont Erwan décrivait sa méthode d'enseignement, ses cours allaient être très intéressants.

"Je suis convaincu que vous arriverez à nous aider. J'ai connu beaucoup de professeurs - pas ici, bien sûr - qui estimaient que c'était de la faute de leur élève s'il n'avait pas compris. Ce qui n'est pas un bon point de départ pour arriver à lui faire comprendre, je pense que vous serez d'accord avec moi !"

Les derniers mots de son interlocuteur résonnèrent en lui. Il tourna légèrement le regard, se perdant dans la contemplation de l'horizon, et demanda doucement :

"Confiance et respect de son corps... En fait, vous voulez dire que beaucoup de problèmes de maîtrise de nos pouvoirs viennent d'un manque de confiance en nous ou en notre corps... ? Par exemple, si on a fait du mal à quelqu'un sans le vouloir, et qu'on a peur de recommencer, ça fait qu'on perd la confiance, et qu'on n'arrive plus à maîtriser nos pouvoirs, ce qui nous rend encore plus dangereux... ?"

Le jeune homme sourit doucement. C'était bien une des premières fois qu'il rencontrait quelqu'un accordant autant de valeur aux mots. Si tous ceux qu'il avait rencontrés avaient fait de même...

"Eh bien avec moi ne vous en faites pas. Je viens des Carpates, et là bas la familiarité est très répandue. Donc je ne risque pas d'être vexé par ce genre de choses. En plus, j'ai appris que ceux qui veulent intentionnellement manquer de respect à quelqu'un s'y prennent de façon très visible."

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