La mélodie du vent[Pv Arwen]

Shoko arriva enfin à la cascade, épuisé par le trajet qu'il avait parcouru à pied. Il faut dire aussi qu'il était si excité qu'il avait beaucoup couru. Il s'assit donc un moment avant de reprendre son souffle et se mit à contempler la cascade. Elle coulait bruyamment sur les rochers en dessous, mais Shoko en appréciait la sonorité. Il regarda son reflet dans l'eau, le fait d'avoir couru l'avait tout ébouriffé, plus encore que d'habitude, mais il ne prit pas la peine de se recoiffer, il avait également prit quelques couleurs à cause de son effort, cachant ainsi son teint pâle. Ses vêtements étaient mouillés à cause de la transpiration, aussi il ôta son t-shirt. Comme il faisait relativement beau, d'autres élèves ou même des profs risquaient de venir, aussi il garda son jean.
Quand il fut à son aise, il inspecta les alentours et voyant que la voie était libre, invoqua sa guitare, une magnifique guitare acoustique qu'il avait retrouvé grâce à la magie. En effet, il avait acquis cette guitare il y a quelques années mais une bande de brutes lui l'avait détruite. Il avait réussi, avec l'aide de la magie à la retrouver. Il commença alors à frotter les cordes à vide, elle avait un son encore plus fluide qu'avant et elle était parfaitement accordée. Il posa alors ses doigts sur les cordes, de façon à faire des accords et il se mit à jouer une balade. L'ambiance alentour l'inspirait. Il se mit même à chanter des paroles qu'il improvisait.

"When I'm alone and my friends are so far away
I look this waterfall, which is like a piece of heaven
Now I see them into this,I see they're on the way
And I hope they won't late, and I look at the sun."

Shoko avait une voix douce et agréable à l'oreille, du moins lorsqu'il chantait des balades. Lorsqu'il s'essayait à chanter des trucs plus violents, il poussait trop sur sa voix et cela donnait un résultat fort désagréable.
Le temps passait mais le jeune garçon continuait de jouer, la journée ne faisait que commencer et comme il n'y avait pas cours ce jour là, il comptait bien la passer ici. Il se moquait bien que des gens viennent ou non, après tout ça ferait quelqu'un avec qui parler. Shoko n'était pas du tout quelqu'un d'antisocial, il aimait la compagnie des autres, mais il n'était pas très bavard, du moins pas tant que la conversation n'était pas lancée. Par contre, quand celle-ci avait démarrée, on ne pouvait plus l'arrêter. Il savait sympathiser avec n'importe qui, du fait qu'il s'intéressait à tout.
Shoko, bien qu'il était concentré sur sa création musicale, était pensif. Il repensait à son passé, aux amis que ses parents lui ont empêché de voir à cause de ses pouvoirs, mais surtout à quel genre de personnes il aurait à faire ici, à Osari.

On était Samedi, cela voulait dire qu'on avait pas cours de la journée. Et cela, Arwen adorait ! Ce n'était pas comme si elle avait beaucoup de cours, pour l'instant elle n'avait que les cours d'Arts, celui de Méditation et celui de Matérialisation. Elle était contente que les cours reprennent, même si elle ne savait pas encore combien de temps il faudrait pour qu'un professeur de maîtrise du vent arrive. Elle fut indéniablement attirée par la cascade dans la forêt, là où on avait retrouvé sa flûte traversière : flûte qu'elle matérialisait maintenant de différents alliages pour les occasions !

"Salut !" lança-t-elle au garçon qu'elle croisa là-bas.

Elle avait cru être seule mais finalement non. Il semblait être plus jeune qu'elle, mais dans l'école ils étaient tellement peu qu'on ne faisait pas de différence de niveaux par années. Elle le détailla et remarqua sa guitare. Elle aimait bien les instruments à corde bien qu'elle n'était pas douée pour les jouer. Peut-être que Mlle Eowaori lui apprendrait, mais quitte à choisir, elle aimait bien le piano aussi.

"Je ne t'avais jamais vu par ici, tu es nouveau non ?" demanda-t-elle en lui faisant un petit sourire.

Elle se posa sur des rochers près de la cascade, enleva ses ballerines puis laissa ses pieds tremper dans l'eau. La chaleur revenait peu à peu, et les poissons revenaient dans la petite crique. Peut être qu'ils iront pécher entre amis : Maïlyse, Askôn, Chiba et elle, comme au bon vieux temps. Même si elle était tentée par inviter d'autres personnes, comme Mikaya, Hanyel ou Seika. Cela pourrait être sacrément intéressant de passer du temps entre élèves !

Shoko entendit du bruit derrière lui et se retourna. C'était une jeune fille qui l'avait salué poliment et qui semblait prêter attention à lui. Il sourit, elle avait l'air sympathique. Il continua cepenadant à jouer, et au bout de quelques secondes répondit:

" Oui, en effet ça ne fait pas longtemps que je suis là. Tu es ici depuis longtemps? Au fait, j'ai oublié de me présenter, je m'appelle Shoko Taoru, et toi?"

Shoko était content que quelqu'un soit venu ici, en plus elle lui parlait, peut-être s'en ferait-il une amie. Shoko observa un peu plus en détail la jeune fille. Elle était plutôt grande et bien habillée,avec une longue robe. Shoko savait qu'à Osari certains n'avaient pas de pouvoirs, mais sans savoir vraiment pourquoi, il était convaincu que comme lui, c'était une surnaturelle. Il ne pouvait cependant pas se permettre la question car s'il se trompait, il trahirait le secret. La jeune fille semblait plus âgée que lui, mais il n'en était pas sûr, les apparences sont parfois trompeuse. En y réfléchissant mieux, il se dit que de toute façon son âge avait peu d'importance. Il ne se rappelait pas l'avoir déjà croisée mais, venant d'arriver, il ne se posa pas énormément de questions à ce sujet. Il posa sa guitare à côté de lui et se leva, histoire de se trouver au même niveau que la jeune fille. En effet, Shoko considérait que c'était plus poli de discuter en étant d'égal à égal plutôt qu'un assis et l'autre debout.

Shoko s'approcha un peu plus de la jeune fille, ôta ses chaussures et ses chaussettes, remonta le bas de son jean et mit à son tour les pieds dans l'eau. Il fut tenté de lui faire une petite farce, mais ne la connaissant pas encore vraiment, il ne se le permit pas. Il apprit que 2ans auparavant, elle avait déjà été dans cette école mais qu'elle avait fermée l'an dernier. Dans un premier temps, le jeune garçon voulut demander pourquoi, mais peut-être était-ce dû au pouvoir et il n'avait pas la certitude qu'elle soit une surnaturelle. Il évita donc la question.
Elle posa alors une question sur ses origines, cette fille avait le sens de la déduction assez vif pour l'avoir remarqué tout de suite.

"Oui, je viens du japon. Il me reste quelques vagues souvenirs, mais mes parents me gardaient cloîtré chez moi alors je ne me rappelle pas trop des paysages, en dehors du cerisier dans le jardin. Les musiciens du vent? Je n'en ai jamais entendu parler. Tu es donc musicienne?"

Quand il avait entendu ça, Shoko fut aussitôt intéressé. Il avait deux pouvoirs, invoquer sa guitare et créer des vagues de vent, se pouvait-il qu'elle aussi manipule musique et air? Alors ils seraient assez semblables, du moins à ce niveau. Il devait absolument en apprendre plus, sans se trahir pour autant. Il aurait aimer être direct et poser ses questions sans réfléchir, mais il avait une consigne à respecter, sans quoi il risquait de sérieux ennuis. Seulement, même si elle était surnaturelle aussi, elle devrait lui cacher ses pouvoirs également. Il posa donc une question plus explicite.

"Je me permets d'être curieux mais d'où vient le nom de ton clan?"
Il avait fait en sorte que la question ait un air innocent mais espérait vraiment qu'elle comprenne.

Il confirma ce que Arwen pensait. Il n'en fallut pas plus pour lui donner confiance en elle et en ses intuitions. Certains détails pourtant n’échappèrent pas à son attention, ainsi lorsqu'elle l'entendit lui parler de son confinement, elle ne pouvait que compatir.

"Moi aussi il y a encore deux ans, avant d'arriver à Osari, mes parents m'enfermaient dans ma chambre jours et nuits." confia-t-elle.

Elle n'hésita pas à le dire comme il s'était confié en premier. Non pas qu'elle était pudique de nature, mais plutôt réservée, elle ne racontait pas son histoire à n'importe qui, sinon autant en faire un livre !

"Oui, je suis flûtiste." avoua-t-elle en lui souriant.

Mais elle n'avait pas besoin de lui retourner la question, c'était flagrant qu'il était au moins guitariste. C'était un bel instrument, mais elle n'avait jamais été douée avec.

"Mon clan ? Oh, c'est mon grand père. Quand j'étais petite il me racontait comme quoi mon clan comportait uniquement des musiciens utilisant leurs instruments pour contrôler le vent. Mais la plupart des gens croient que c'est seulement une légende ou une vieille malédiction."

Alors il avait vu juste, ils avaient des points communs. Elle aussi avait été séquestrée par ses parents. Et il avait raison aussi en supposant qu'elle avait des pouvoirs. Shoko ne put s'empêcher de pousser un cri de joie. Il allait maintenant devoir s'expliquer, il se sentait légèrement mal à l'aise. Bon, allez il devait se ressaisir et vide.
*Vas-y Shoko, toute façon tu peux maintenant, dis lui tout!* se dit-il intérieurement.

"Arwen, c'est ce qu'il m'avait semblé au premier abord, tu es une surnaturelle, je me trompe? Je dois t'avouer que ça me fait plaisir, je me sens moins bizarre maintenant, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un comme moi! Euh... Désolé, je m'emballe un peu mais pour la première fois depuis l'apparition de mes pouvoirs, je n'ai pas l'impression d'être un monstre."

Shoko poussa un soupir de soulagement, désormais il était sûr de pouvoir parler librement. Arwen jouait de la flûte et son clan semblait être respecté, cette fille était décidément quelqu'un d'intéressant, elle pourrait l'aider pour l'école, le guider et peut-être même à se familiariser avec ses pouvoirs. Shoko se dit alors que ça devait être son jour de chance. Il arriverait enfin à s'intégrer.
L'eau étant bonne, Shoko était content de pouvoir y tremper ses pieds, la température alentour étant assez élevée à cause du soleil. Il lui prenait même l'envie de s'y baigner. Il enleva ses affaires de ses poches, les posa sur son pull et sauta à l'eau sans même retirer son pantalon, éclaboussant tout autour.

Oups, désolé. J'espère que je t'ai pas trop trempée!"

Que diable lui prenait de crier comme cela ? Arwen se sentit frisonner de tout son long de surprise. Au moins, c'était un cri de joie, et non un cri d'horreur. Elle avait oublié que même dans cette école il fallait être prudent avec les nouveaux "naturels" qui pouvaient ignorer la présence des surnaturels dans ces lieux.

"Non, tu ne te trompes pas, je suis bien une surnaturelle." avoua-t-elle.

Il avait l'air tellement joyeux qu'elle n'éprouva aucune honte à le lui avouer. Cependant elle se demanda pourquoi il disait qu'elle était comme lui, même si elle était contente d'avoir pu lui apporter la sensation de ne pas être quelqu'un de monstrueux.

"Quand tu dis quelqu'un comme toi, tu parles de quelqu'un de surnaturel ou tu parles de tes dons ? Je ne suis pas la seule surnaturelle ici. Et puis, pour moi, il m'a fallu du temps pour comprendre que je n'étais pas monstrueuse, beaucoup de temps même. Alors je suis contente pour toi que tu arrives à voir les choses du bon côté."

Oho... Lorsqu'Arwen vit Shiko se déshabiller, elle sut tout de suite que malheureusement, si elle ne s'y préparait pas, elle risquait d'être mouillée. Lorsqu'elle le vit sauter, elle érigea un bouclier en arc de cercle autour d'elle, ce qui bloqua toutes les gouttes d'eau menaçant ses vêtements. En abaissant ses mains, le bouclier se désintégra, de toute façon elle seule pouvait le voir.

"Aucun problème, je n'ai rien eu."

Shoko battait des bras afin de ne pas couler et de pouvoir parler clairement. Il observa la jeune fille. En effet, elle n'avait rien eu et le jeune homme était sûr d'une chose, elle avait fait appel à un pouvoir, sinon elle aurait été mouillée. Bah, après tout tant qu'elle ne lui balançait pas des boules de feu dans la gueule, elle pouvait bien utiliser les pouvoirs qu'elle voulait, cela lui importait peu.
La jeune fille avait posé une question et Shoko s'empressa de répondre.

"Quand je dis que tu es comme moi, je pense surtout à surnaturelle, mais tu as également souffert en étant enfermée par tes parents, et vu le nom de ton clan, je suppose qu'on fait appel aux mêmes éléments. Tu invoques ta flûte et moi ma guitare, et j'utilise également le pouvoir du vent. Tu ne m'as pas dit l'utiliser mais vu le nom de ton clan, j'en suis venu à cette conclusion. Peut-être as-tu d'autres pouvoirs, peut-être même que je suis à côté de la plaque, mais je me risque tout de même à le supposer. Tu sais, je ne me suis jamais vraiment considéré comme un monstre, je n'ai jamais fait le mal avec mes pouvoirs, j'avais même des amis, mais mes parents m'ont enfermé et depuis, je ne voyais plus personne. C'est dès lors que j'ai commencé à penser que j'étais un monstre, ou plutôt à penser que mes parents pouvaient avoir raison, ici par contre je sais que je rncontrerai beaucoup de personnes comme moi. J'espère me faire des amis."

Shoko avait été très explicite, du moins c'est ce qu'il lui semblait. Il en avait peut-être même trop révélé sur lui, mais il faisait confiance à Arwen. Peut-être tenterait-elle de le manipuler, mais il n'avait même pas supposé qu'elle y penserait. Pour lui, Arwen était une amie potentielle et la fille qui l'avait accueilli à Osari. Qu'allait-il se passer ensuite? Il verrait bien. Peut-être passeraient-ils beaucoup de temps ensemble, ou peut-être se diraient-ils juste bonjour en se croisant dans les couloirs. L'avenir est incertain, et ça Shoko le sait. On ne peut pas prédire l'avenir, on peut seulement l'envisager.

"Oui, tu as raison." admit-elle.

Arwen lui aurait bien proposé de se joindre à elle, et à son clan, mais elle ne le connaissait pas assez. Un clan, c'était avant tout une communauté, une grande famille solidaire. Et elle était la Maîtresse de ce clan, celui que son grand-père décédé lui avait légué. Elle ne pourrait cependant n'accéder à toutes les responsabilités que lorsqu'elle serait majeure et qu'elle aurait passé le rite de passage. Pourtant, cela aurait été agréable que Shoko se joigne à elle, avec Askôn en plus, c'était comme se sentir moins seule. Les musiciens du vent... Peut-être que Shoko accepterait un jour.

"Mes parents m'enfermaient dans ma chambre parce qu'ils avaient peur de moi, parce que je leur faisais horreur, qu'ils me prenaient pour un monstre. Pourtant je n'ai jamais fait de mal à personne... Ah ça ! Enfin, ce n'est pas moi qui leur faisais horreur, mais ce que je leur montrais. Seul mon grand-père, aujourd'hui mort, m'avait toujours adorée. Mais c'était parce qu'il était comme moi, je l'ai su bien après."

Il était assez curieux et perspicace pour son âge, c'était assez marrant de l'écouter questionner sur son compte. Elle ne savait pas si elle allait lui répondre, après tout, pour l'instant CE pouvoir n'avait écoeuré personne, à part Chiba qui avait eu un mouvement de recul. Bref, mauvais souvenirs.

"J'ai d'autres pouvoirs oui, et toi ?" demanda-t-elle légèrement nerveuse.

Des amis, ce n'était pas ce qui manquait dans cette école !

Shoko sourit, il avait donc touché dans le mille, mais cela éveillait en lui de plus en plus de questions. Il devait également répondre à celle qu'avait posé Arwen, aussi le fit-il immédiatement.

"J'ai deux pouvoirs, invoquer ma guitare et créer des vagues d'air. C'est tout, du moins à ce que je sache, mais je n'ai découvert l'invocation qu'il y a peu de temps donc il se peut que je ne les ai pas tous découverts."

Shoko sortit alors de l'eau, se secoua un peu pour sécher ses cheveux et alla s'asseoir juste à côté de la jeune fille. Shoko portait uniquement son jean et avec les gouttes d'eau qui ruisselaient sur son corps, le vent lui donnait des frissons. Aussi, il se concentra pour créer des vagues d'air inverse.

"J'ai une question, ton clan c'est un clan familial, ou c'est un peu comme dans les jeux vidéos, des amis qui se réunissent ensemble? Parce que tu dis que ton grand-père t'appréciait beaucoup, mais tes parents n'avaient pas de pouvoir. Je suis désolé si je pose trop de questions, mais cela m'intrigue."

Shoko sourit bêtement, il se disait que c'était un peu comme si Arwen était sa prof et lui l'élève. Il avait tant à apprendre sur cette école et ses élèves. Il avait l'impression d'être tombé sur la bonne personne, une fille au courant de pas mal de chose, du moins suffisamment pour l'aider à se repérer.

"L'invocation ? Alors tu as trois pouvoirs ! C'est intéressant, mais c'est vrai, tu peux en avoir quatre. Alors peut être qu'un jour ton quatrième pouvoir se développera. Un de mes pouvoirs m'est venu l'année dernière, à l'école." répondit-elle doucement.

"Tu sais, pour l'air, avec de bonnes leçons tu pourras le maîtriser entièrement, et pas que par... Vague." rit-elle.

Elle avait eu du mal à prendre le contrôle de son pouvoir, mais justement son instrument l'avait aidé. Son clan, les Musiciens du Vent, utilisaient justement leurs instruments pour guider le vent. Arwen s'était pourtant entraînée sans, histoire de ne pas se retrouver au dépourvu au cas où elle devrait mener un combat.

"Ce n'est pas un clan familial, et ce n'est pas un clan d'amis non plus. Si tu veux, ce sont des personnes qui savent matérialiser un instrument, et ils l'utilisent pour maîtriser le vent. Mais personne n'est obligé d'utiliser son instrument, c'est juste une petite... Heu... Particularité. Disons que ceux qui veulent entrer dans ce clan doivent faire part de leur sérieux au maître du clan, car nous sommes tous solidaires, nous devons pouvoir compter les uns sur les autres. Ce clan est comme une seconde famille pour certains, un groupe d'amis infaillible pour d'autres, et j'en passe."

Elle fit une petite grimace en repensant à ses parents, elle n'aimait pas penser à eux. Cela faisait plus d'un an qu'elle ne les avait pas vu, qu'elle ne leur avait même pas donné de nouvelles, et disons qu'elle ne s'en portait pas plus mal ! Ses parents devaient se sentir libérés d'un terrible poids, à la hauteur de sa différence.

Shoko remarqua la grimace d'Arwen mais comme il ne savait pas pourquoi, il n'en parla pas.
Il dit tout de même:

"Je crois que j'ai dit un truc que je n'aurais pas dû, désolé. Pour le clan je vois ce que tu veux dire. Dis-moi, dans cette école tout le monde est dans un clan? Non parce que je ne connais encore personne. Enfin, tu es la première personne que je rencontre et je pense que c'est une chance pour moi car tu es plutôt sympa."

Shoko sourit, il parlait franchement, sans idée derrière la tête. Il était ici un peu comme un nouveau né qui découvre le monde qui l'entoure et Arwen était en quelque sorte son senpai, et pour cela, il la respectait énormément. Sans elle et ce qu'elle lui avait dit, il serait resté un simple guitariste, désormais il était conscient qu'il pouvait améliorer ses deux pouvoirs et en acquérir des nouveaux.

"Où est-ce que tu vois trois pouvoirs? J'invoque ma guitare et je crée des vagues de vent, c'est tout."

"Oh non, non !" s'empressa-t-elle de répondre.

"À ce que je sache, il me semble qu'il n'y ait que moi et Askôn qui sommes dans ce clan. Les autres sont tous solitaires, il faut dire que c'est rare lorsque deux personnes qui ont les mêmes pouvoirs se retrouvent dans un même endroit, chacun a un peu sa particularité si tu veux." expliqua-t-elle d'une manière qu'elle espérait être claire.

Une chance, qu'il disait... Elle hésitait entre être gênée ou mal à l'aise. Dans tous les cas Shoko semblait avoir de la sympathie envers elle, ce qui avait l'air de la détendre un peu. Telle qu'elle connaissait certains des pensionnaires, elle savait qu'ils l'accueilleraient avec toute la gentillesse qu'ils disposaient.

"Ah oui, excuse moi. J'ai confondu, vu qu'ici on dit 'matérialiser un objet', et 'invoquer un esprit'. J'ai cru que tu pouvais faire les deux : matérialiser ta guitare et invoquer des esprits."

Ce n'était qu'une incompréhension, après tout. Au moins maintenant les choses étaient claires, Shoko ne maîtrisait que deux pouvoirs, ce qui signifiait qu'il pouvait encore en découvrir deux !

Shoko sourit pui, il dit:

"Vous êtes les seuls dans un clan? Moi je pense qu'un clan aux pouvoirs variés ça peut être sympa aussi, on peut ainsi les combiner pour arriver à un résultat différent, ça pourrait être drôle d'essayer non? Et au fait, tu disais que ton instrument était directement lié au vent? Tu veux dire quoi exactement par là? Non parce que des fois, quand je joue j'ai l'impression que des limbes d'air se créent, et j'ai constaté que les personnes touchées par ces limbes sont alors apaisées si je joue un morceau calme, attristées si je joue un morceau triste, énervées lorsqu'il est violent. Serait-ce un pouvoir supplémentaire? Nonparce que je sais que la musique peut avoir un effet sur les gens mais à ce point non, d'autant que j'ai moi-même été touché par ces limbes une fois et ça m'a affecté."

Bien sûr que c'était un pouvoir, mais Shoko était naïf. Il manquait parfois de confiance en lui, n'ayant jusqu'à ce jour eu personne pour le soutenir. Il voulait se sentir à l'aise mais, Arwen avait l'air d'en savoir tellement plus que lui, c'était réellement déconcertant. En plus c'était quoi cette histoire de "matérialiser"? Lui avait toujours dit "invoquer".

"Oui mais alors, mon clan ne pourrait plus s'appeler les musiciens du vent." lui dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.

Elle avait déjà pensé à certains groupes, des groupes de gens qui s'amusaient ensemble, des équipes de choc qui pillaient à l'aide de leurs pouvoirs. Des espèces de guildes que combattaient les clans qui alors, s'alliaient pour faire face à la pluralité de pouvoirs chez les malfrats. Dans certains cas, l'avantage du nombre pouvait sauver des vies, oui. Mais on ne faisait que rarement appel aux Musiciens du Vent, car même s'ils étaient redoutables à l'attaque et parfois même à la défense, on les considérait comme potentiellement lent à cause de leurs instruments, et donc vulnérables.

"Non, mon instrument n'est pas directement lié au vent. Lorsque je matérialise mon instrument, c'est comme donner forme à une partie de moi-même, un partie cachée. Je ne sais pas si tu comprends. Bref... Lorsque je donne forme à cet instrument, que je le matérialise de mon propre corps, il est lié à moi. Certains peuvent utiliser ces instruments pour interagir avec certains de leurs pouvoirs, par exemple j'utilise mes flûtes pour canaliser mon énergie et ma concentration, pour guider le vent comme je veux. Mais ce n'est pas ma flûte qui contrôle le vent, théoriquement, c'est mon pouvoir, donc je suis sensée pouvoir le maîtriser sans instrument." expliqua-t-elle lentement.

Il lui raconta son expérience, et Arwen semblait bien concentrée, même si elle ne saisissait pas exactement tous les détails.

"Comment ça, des limbes d'air ? Pour moi des limbes c'est un endroit où des âmes rôdent et se perdent. J'ai déjà pu manipuler l'air pour apaiser quelqu'un, mais jamais pour influencer ses émotions. Peut-être as-tu le don de manipuler les émotions des autres, qui se manifeste selon la musique que tu joues. Car le vent est porteur de nos intentions, de messages, mais pas au point de bouleverser le psychique des autres."

Shoko sourit puis, il répondit:

"Oh, je ne parles pas de briser ton clan, moi je n'en ai pas alors peut-être..."

Shoko était attiré par l'idée d'un clan, se lier aux musiciens du vent? Pourquoi pas mais, jamais il n'oserait demander à Arwen, il ne la connaissait pas depuis longtemps. Il laissa donc cette idée en suspend pendant que la jeune fille lui expliquait les rapports entre ses pouvoirs et son instrument. Shoko comprenait un peu mieux cette histoire de pouvoir et il ajouta:

"Je comprends oui, cela dit, à part... oh, je n'ai pas utilisé le bon mot, je voulais dire filet de vent. Bref, à part ces filets, je n'arrive pas à allier musique et le vent. Enfin pour être franc, je n'ai jamais vraiment essayer. J'ai donc le pouvoir d'influencer les émotions des gens? Je ne sais pas pourquoi, ce pouvoir m'effraie. "

Après l'explication d'Arwen, Shoko avait une vision beaucoup plus claire des choses. Il était conscient de bien jouer de la guitare et sans doute, son pouvoir ne s'était pas réveillé avant car il ne jouait pas assez bien et sa musique ne contenait pas d'émotions. Maintenant qu'il connaissait ce pouvoir, il devait apprendre à le maîtriser afin de ne pas commettre de catastrophe. Il devait veiller à ne pas diriger les filets manipulateurs vers son public lorsqu'il jouait devant des amis. Le jeune garçon avait de sérieux progrès à faire et cette académie l'y aiderait sans doute. Après tout, il était ici pour cela, il ne pouvait pas espérer le contraire, il ne serait pas freiner dans sa progression.

"Tu sais, je dis ça comme ça, mais tu as les capacités pour rejoindre mon clan si tu en as envie. Mais après tout tu as le temps de te décider, rien ne dit que tu te plairais plus avec nous qu'avec d'autres." lui dit-elle avec un petit sourire emplis de gentillesse.

L'influence sur les émotions des autres pouvait être d'une grande aide, surtout lorsqu'on l'utilisait avec soin. Mais si on était trop distrait, alors ce pouvoir pouvait se révéler bien embêtant. Si Shoko son pouvoir afin que calmer quelqu'un de très triste ou qui ferait une crise d'angoisse, alors cela serait bien, mais s'il utilisait mal son pouvoir et qu'il augmentait ces sentiments chez ces personnes là, alors cela pourrait avoir un effet dévastateur sur leur psychique, bien que l'humain fût un être plein de capacités insoupçonnées.

"Tu as tord, c'est un beau pouvoir que tu as là !" contra-t-elle toujours aussi doucement.

"Bien utilisé, tu pourrais soulager des amis de leur peines, ou même rendre émotif quelqu'un qui se montre insensible à la peine des autres. Sagement utilisé, ça peut être un pouvoir très utile et surtout bénéfique pour tous ceux qui en auront besoin."

Mais après, ce n'était que son avis, il valait bien ce qu'il valait. Arwen trouvait que le don de Shoko était bien moins contraignant que le sien, mais chacun son "fardeau", si elle devait porter les souvenirs de tout ce qui arrivait de mal dans le monde, Shoko lui aurait le pouvoir de la rendre heureuse lorsqu'elle serait las de ses visions. En soi, un pouvoir pouvait bien aider à atténuer les conséquences d'un autre pouvoir.

A peine Shoko eut-il fait preuve d'un quelquonque intérêt pour les clans qu'Arwen lui parla de ses aptitudes à rejoindre le sien. Certes, la proposition était alléchante, c'était peut-être même inespéré mais, elle ne semblait pas vouloir le presser. Shoko trempa alors ses pieds dans l'eau, pensif. Rejoindre le clan de son ami ce pourrait être sympa mais, il se disait aussi qu'un clan aux pouvoirs variés pourrait être drôle. Enfin, ce qui était sûr c'est qu'il n'était pas encore décidé. Il se mit alors à observer la jeune fille. Elle semblait bien plus mure que lui, sans doute maîtrisait-elle parfaitement ses pouvoirs, le jeune garçon était envieux. Il créa alors une puissante vague d'air qui repoussa l'eau et créa des ondulations. C'est alors qu'il lui vint une idée. Cette fois, au lieu de diriger sa main vers sa cible, il la plaqua contre son autre main et il se concentra. La cascade prit alors la forme d'un escalier d'eau pendant moins d'une seconde avant de recommencer sa chute habituelle. Shoko dit alors:

"On dirait que ce n'est pas encore ça mais, je constate que tu as raison, je peux améliorer mon pouvoir. Tu dis que j'ai les capacités pour rejoindre ton clan? Pendant quelques instants j'ai hésité mais, je pense que c'est ce qu'il pourrait m'arriver de mieux. Je vais tout de même y réfléchir un peu car précipiter les choses n'est jamais bon. Quand j'y aurai mûrement prêté réflexion, je te donnerai ma réponse. Il y a de grande chances pour que tu vois ton clan s'agrandir, enfin bien sûr ce sera à toi que reviendra la décision finale."

Shoko était timide, vraiment trop timide mais, cette fois il avait pris son courage à deux mains et dit clairement ce qu'il voulait. Intégrer ce clan, puisque les membres avaient des pouvoirs similaires aux siens, ce serait le meilleur moyen de progresser rapidement. Cela dit, si le jeune garçon voulait encore réfléchir, c'était parce qu'il n'aimait pas faire ses choix par intérêt. Il voulait que son choix soit lié à ses sentiments, que ce soit amitié, camaraderie, amour ou un objectif commun, il voulait avoir ce qu'il appelait une bonne raison pour rejoindre le clan et même s'il appréciait Arwen, ils n'étaient pas suffisamment proches pour qu'il se décide ainsi. Dans l'immédiat, Shoko la voyait comme une aînée qui lui enseignait la vie dans un lieu nouveau et plus que de l'amitié, il éprouvait un profond respect pour elle.

En continuant d'observer Arwen, Shoko se mit à penser à son troisième pouvoir. Il en avait peur car il savait qu'il ne le maîtrisait pas et que mal utilisé il pouvait devenir dangereux. Shoko connaissait la fragilité des âmes humaines, aussi il était conscient de ne devoir faire appel à son pouvoir que lorsqu'il était sûr de son coup. Afin d'en arriver là, il devrait s'entraîner dur et il aurait besoin d'un cobaye. Bien entendu ce cobaye ne serait autre que lui-même. Quand il dit à la jeune fille que son pouvoir l'effrayait, celle-ci tenta de le rassurer. Elle prétendait que c'était un beau pouvoir à condition qu'il soit bien utilisé. Certes Shoko pensait de même dans l'ensemble mais, pour cela il devrait maîtriser son don et ne pas en abuser. En effet, il pouvait rendre les gens tristes heureux en jouant quelques notes mais, la peine qu'ils avaient avant, il y avait une raison à cela et aucun mot n'était venu la combler. Effacer un sentiment sans pour autant le justifier n'était pas une solution, aussi Shoko accepterait d'influencer les sentiments des gens uniquement s'il en connaissait la raison.

"Ce sera un beau pouvoir quand je le maîtriserai mais, on ne doit pas jouer avec l'esprit des gens. Je ne me permettrais donc d'effacer leur peine que si je sais pourquoi ils sont triste, afin que la mélodie qui les influencera soit directement liée à eux. Bien sûr je pourrais rendre tout le monde heureux, personne ne se plaindrait mais, le monde conserverait-il un sens? Plus personne n'aurait d'émotions qui lui sont propres."

Shoko sourit alors, convaincu que la jeune fille le comprendrait.

Arwen sourit, fière, elle n'était pas particulièrement douée lorsqu'il s'agissait de recruter. D'ailleurs ce n'était même pas ce qu'elle avait essayée de faire. Mais elle avait conscience qu'il y avait des anciens dans son clan qui pouvaient - et qui voulaient d'ailleurs- aider les petits nouveaux à maîtriser leurs pouvoirs. Sans son propre maître, Arwen n'aurait pas su maîtriser son pouvoir du vent sans sa flûte. Maintenant elle n'avait plus forcément besoin de matérialiser une flûte pour utiliser son pouvoir. Sa flûte avait l'effet d'un catalyseur, elle était ce qui lui permettait de fixer toute sa concentration sur ce qu'elle voulait faire. Elle s'était rendue compte qu'elle avait tendance à facilement partir dans ses pensées.

"Ça ne presse pas Shoko, tu sais. Prend ton temps pour bien y réfléchir, la proposition tiendra toujours... Enfin sauf si tu te révèles comme étant un kamikaze ! Hahahaha !"

Bon, d'accord, très mauvaise blague, mais Arwen n'était pas très douée là-dedans non plus. Elle faisait plutôt de l'humour que personne ne comprenait, ainsi il était facile pour elle de rire dans son coin, que ce soit de ses pensées ou d'elle-même.

"De toute manière, tu pourras au final utiliser tes pouvoirs indépendamment de ton instrument de musique. Que ce soit ton pouvoir élémentaire ou psychique. Ce n'est pas l'esprit des gens que tu manipules, ce sont leurs émotions. Imagine qu'il y ait un angoissé de la vie à côté d'un empathe ? Tu serais le seul capable de calmer la personne angoissée, ce qui soulagerait à la fois la personne elle-même et l'empathe. Et puis c'est un pouvoir comme un autre, les pouvoirs psychiques ne durent pas longtemps lorsqu'ils sont utilisés, je veux dire que comme tu ne maîtrises pas vraiment ce don il opèrera quelques secondes, voir 2 ou 3 minutes."

Les gens n'auraient plus besoin d'endorphines, et les ennemis n'auraient plus qu'à se plier en deux de désespoir au lieu de nous mettre à mort. Bien qu'elle devinait que le pouvoir de Shoko était minime pour l'instant, elle n'avait plus qu'à souhaiter une chose :

"Tu n'as plus qu'à utiliser ton pouvoir avec sagesse." dit-elle en lui faisant un sourire encourageant.

Ou alors... Et bien il n'y auraient plus que ceux qui, comme elle, possédaient un bouclier mental qui empêchait les intrusions psychiques.

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