Vent et musique (PV Arwen)

Askôn s'installa sur un promontoire rocheux, dans la montagne entourant l'Académie. Il examina le paysage. Oui, il était très beau et convenait parfaitement à ce qu'il avait en tête. Il leva son poignet gauche, sur lequel était perché Iko, et dit :

"C'est beau, ici. Je suis sûr que c'est un bon endroit pour jouer de la musique. Va voler, toi. Je sens que tu en meurs d'envie. Tu m'inspireras !"

Le jeune garçon regarda son faucon s'envoler avec un sourire, puis s'assit et sortit son violon. La musique se déploya autour de lui. La mélodie était mélancolique, avec un brin de tristesse et beaucoup de regrets. Askôn pensait à Maria, et il lui dédiait son morceau en son fort intérieur. Il ferma les yeux et se laissa emporter par sa musique. Sans qu'il s'en rende compte, le vent se modifia légèrement pour se mettre au diapason des notes de son violon. Car même s'il ne maîtrisait pas ce qu'il faisait, son pouvoir était très puissant.

Arwen avait sentis un léger changement dans les courants ascendants. Un changement qui n'avait rien de naturel, alors elle décida de chercher sa provenance. Cachée derrière un arbre, elle observa Askôn, stupéfiée.

*Et bien, si j'avais sus...*

Il jouait divinement bien, et l'air se manipulait au grès de ses notes.

*A croire que ma méthode n'était pas bien adapté pour les besoins, c'est un vrais musicien du vent.*

Réfléchissant à sa dernière réfléxion, cela soulevait des tonnes de question intérieures.

*Se pourrait-il qu'il puisse faire partie de mon clan?!*

Askôn continua sa mélodie un moment, puis arrêta sa musique. Il posa son instrument à côté de lui en faisant très attention à ne pas l'abimer. Il regarda le paysage sous ses yeux, encore envahi par la sérénité que lui apportait toujours la musique. Puis son empathie lui indiqua une présence non loin de lui.

"Il y a quelqu'un ? Ah, c'est toi, Arwen ! Content de te voir! Tout va bien pour toi ? Tu te promenais dans le coin ?"

Il lui sourit en se retournant vers elle.

"C'est un bon endroit pour jouer de la musique, tu ne trouves pas ?"

Arwen se montra, contournant l'arbre et offrit à son ami un sourire.

"Tu joues merveilleusement bien Askôn. Tu nous en caches des choses!"

Elle lui fit un clein d'oeuil.

"T'es-tu apperçut qu'en jouant, le vent t'obeïssait?"

Tout cela l'intrigiait.

Askôn rougit au compliment d'Arwen. Puis écarquilla les yeux lorsqu'elle lui demanda s'il s'était rendu compte que le vent lui obéissait.

"Le vent... Quoi ? Non, tu dois te tromper. Je n'arrive toujours pas à contrôler mon don, alors... A vrai dire, j'ai même peur d'essayer plus que simplement sentir le vent, comme tu m'avais montré."

Il eut un rire bref. Il se sentait mal à l'aise, sans savoir pourquoi. Comme s'il aurait dû savoir quelque chose.

"C'est toi qui contrôle le vent grâce à la musique, pas moi. Je ne l'ai jamais fait, alors..."

"Je t'assure Askôn, tu as bien maîtrisé le vent grâce à ton violon. Pourquoi en doutes-tu? Je t'ai déjà dit que pour moi il m'était plus facile de me concentrer sur mon don en utilisant ma flûte."

Elle vint s'asseoir à côté de son ami.

"Vas-y, joues... Et ne t'en fais pas, je suis là."

Askôn hésita, nerveux, puis reprit son instrument et commença à en jouer. Il essayait se sentir s'il utilisait en même temps son pouvoir sur le vent, mais ne sentait rien. Il n'avait pas non plus l'impression que le vent change. Puis il finit par se laisser aller et ne plus penser à cela mais juste à sa mélodie. Immédiatement, le vent s'accorda à ses notes. Il finit par le remarquer, et son contrôle s'arrêta aussitôt. Il dit à son amie, troublé :

"Tu as raison. Mais... je ne sais pas du tout comment je fais, et dès que j'y pense cela s'arrête. Tu y comprends quelque chose, toi ? Comment puis-je savoir faire quelque chose comme ça sans jamais l'avoir appris ?"

Askôn se sentait de plus en plus perdu. Il n'y comprenait plus rien à présent.

"Ne panique pas Askôn, ce n'est pas grave, c'est même bien que tu aies trouvé un moyen de contrôler ton don. Moi non plus je ne comprenais pas avant, j'ai retrouvé ma flûte et mon clan m'a donné des cours."

Elle était étonnée de ne pas avoir pensé avant que son ami puisse faire partie de ce clan. Elle qui croyait être la seule de l'académie à y être.

Askôn secoua la tête lorsqu'Arwen tenta de le rassurer.

"Je ne contrôle pas vraiment puisque je ne comprends pas comment faire. Mais ce n'est pas ça qui m'intrigue le plus. Dis-moi, toi, tu as appris à contrôler le vent grâce à ta flûte, non ? Ça ne vient pas tout seul ? Ou est-ce que je dis une grosse bêtise, comme d'habitude ? Tes cours, c'était pour arriver à le faire consciemment ou pour apprendre à le faire, tout simplement ?"

Il était très intrigué par ce qu'il venait de découvrir, mais ne se sentait plus mal à l'aise. Peut-être était-ce cela qu'il savait inconsciemment ?

"Tu sais, ma flûte était juste pour me sentir en sécuritée, c'est comme un trapziste avec son fillet. Si jamais je devait être séparée de ma flûte, je serais capable de maîtriser l'air, avec beaucoup moins d'agilité certes mais j'en serais capable. T'en fais pas, tout se travaille. Je suis sure que si jamais tu t'entraînais avec ton violon, tu pourais faire des miracles. Tout est une question de confiance en toi et tout arrivera à point."

Elle lui fit un clein d'oeuil, il fallait qu'elle lui parle d'ailleurs de ce pseudo mariage.

Askôn réfléchit un moment en silence. Donc, ce n'était qu'une question d'entraînement ?

"Bon. Je vais m'entraîner régulièrement, alors. Merci, Arwen ! Tu m'as beaucoup aidé ! Je vais peut-être enfin réussir à contrôler le vent !"

Il répondit à son clin d'œil en souriant.

"Assez parlé de moi. Et toi, quelles nouvelles ? Comment va Chiba ? Tout se passe bien ?"

Chibaa et cette petite pesque d'Ami-je-sais-plus quoi!

"Hum, c'est pas interessant. Dis moi plutôt..."

Il fallait qu'elle en sache plus, beaucoup plus, elle ne pouvait pas laisser sa meilleure amie comme ça. Si elle n'était pas complettement heureuse, elle ne pourait jamais atteindre le statue d'ange gardien de Chiba, Kuroiyume et Arwen. Il fallait savoir si l'amour de Maïlyse était réciproque.

"...Maïlyse à un magnifique colier n'est-ce pas?" demanda-t-elle en faisant un clein d'oeuil de sous entendus.

Askôn rougit en entendant la remarque d'Arwen. Il répondit précipitamment :

"Oui, je lui ai confié, mais... C'est juste que... Enfin, elle a dû te dire, c'est pour que sa tante ne l'embête plus avec ses histoires de prétendants, et tout ça !"

Il s'embrouillait et rougissait de plus belle. Au bout d'un moment, il rassembla ses idées et déclara d'un trait :

"Ce que je veux dire, c'est qu'elle reste entièrement libre, c'est juste une apparence, quoi. Ça ne veut rien dire et elle n'a aucun engagement."

Il soupira de façon presque imperceptible. Maria... Il murmura à voix très basse, bien plus pour lui que pour son amie :

"En plus... Je ne peux pas oublier Maria. Je n'en ai pas le droit. Et je n'ai pas le droit non plus d'imposer cela à Maïlyse."

Il soupira profondément. Tout était si compliqué. Pourquoi avait-il dit cela ? Qu'est-ce que cela voulait-il dire ? Il se sentait complètement perdu. Perdu dans ce qu'il ressentait, dans ce qu'il voulait, même dans ce qu'il pensait...

"Tu devrais laisser Maria en paix et vivre un peu."

Elle lalait sortir des paroles dures, mais elle n'avait pas le choix.

"Tu crois qu'en vivant une vie d'ombre tu la rendrait heureuse? Qu'est-ce qu'elle dirrait si elle te voyait ainsi? Tu crois qu'elle t'aurais laissé devenir l'ombre de toi même, à ne vivre que pour baiser sa sepulture?! Tu ne vas pas vivre ta vie en te rappelant les morts! Tu vas vivre, tu vas vivre pour son souvenir, pour qu'elle vive à travers toi et tu vas fiare en sorte d'être heureux! Parce que toutes les femmes ne désirent qu'une seule chose pour l'homme qu'elle aiment, qu'il soit heureux! Si un jour je venais à disparaître, et que Chiba venait à se priver de vivre à cause de moi, je n'en éprouverai aucune fierté, plutôt de la honte et du remors d'en être la cause et de ne rien pouvoir faire! Tu te rends aveugle, tu ne voies pas les gens importants autour de toi, tu ne te rends même pas compte de l'évidence même!"

*Maïlyse t'aime nounouille!*

Askôn se boucha les oreilles. Arwen ne pouvait pas comprendre... Il finit par l'interrompre en criant :

"C'est moi qui l'ai tuée ! Sans moi elle vivrait encore ! Elle me pardonnerait sûrement, je le sais bien ! Mais moi non ! Et puis..."

Sa voix se brisa soudain, puis il reprit de plus belle. Il ne l'avait jamais dit à personne, il avait juré de ne jamais le dire à quiconque, mais les mots sortirent d'eux-mêmes de sa bouche.

"Tu sais pourquoi je me suis énervé ? Parce qu'elle m'a dit que Maïlyse était une fausse amie, une traîtresse, une fille qui ne pensait qu'à me voler à elle... Elle a dit que ce n'était qu'une..."

Il achoppa sur l'insulte et ne finit pas sa phrase. Il se laissa tomber à terre, brisé.

"Je n'arrive pas à savoir si je l'aime ou si je la déteste ! Et il faut que je me décide ! Je ne peux pas continuer comme ça ! Tu comprends ?"

"Je ne la connais pas ta Maria, mais ça me semble resembler à de la pure jalousie, bête et méchante en plus. Cela ne sert à rien de te boucher les oreilles, arrête de vivre selon les dires des autres, tu vaux mieux que ça! Prends ta vie en mains, décide par toi même, fais toi ton opinion! Maria est morte, Maïlyse est même triste de sa perte tout comme toi! Tu crois vraiment qu'elle se serrait mise entre toi et elle?! Si tu le crois c'est que tu as une basse opinion d'elle et que tu ne la mértie pas! Si elle t'aimais elle ne serrait jamais allé à l'encontre de tes sentiments, tout comme tu ne serrais pas allé à l'encontre des sentiments de Maria si elle en avait aimé un autre!"

Askôn jouait les aveugles, Arwen se devait de lui mettre la vérité en face, elle le devait pour Maïlyse...

Lorsqu'Arwen eut finit de parler, avant qu'Askôn n'ait la moindre réaction, une voix se fit entendre. Une voix de jeune fille, douce et amicale, qui venait de nulle part.

"Ton amie a raison, Askôn. Relève la tête et va de l'avant. Les morts sont morts. Juste, si tu m'as jamais aimé, présente mes excuses pour moi à Maïlyse, tu veux bien ?"

Askôn sursauta, surpris. Cette voix ?

"Arwen, dis moi que je ne suis pas fou, dis moi que tu l'as entendu aussi ? Sinon, je crois que je vais encore perdre la raison !"

Le jeune garçon était réellement désorienté. C'était la voix de Maria, aucun doute là dessus. Mais pourtant... Elle était morte, aucun doute là-dessus non plus.

Arwen s'approcha, comme si elle était une tendre grande soeur et prit Askôn dans ses bras, la tête sur son coeur.

"Ceux qu'on perd veillent sur nous, souhaitent notre bonheur et vivent à travers nous. Lorsque je suis dans la plus pure des détresses, parfois j'entends on grand-père me crier de me bouger et de faire face au monde. Si tu l'a entendu écoutes la... Askôn, quitte ton lit douillet de peur et avance dans la vie, tu y rencontrera de la joie comme de la peine mais... La vie mérite d'être vécu, elle est tellement fragile..."

Askôn sourit à Arwen.

"D'accord, Grande Sœur ! Je sais maintenant quelque chose de très important, mais je crois que j'aurais dû m'en rendre compte avant. Je dois avoir l'air bête, non ?"

Il était visible que le jeune garçon était résolu à tourner la page, et le mettait tout de suite en pratique.

"Juste une chose... Pour Maïlyse... Ne me dis rien, je ne veux rien apprendre. Je veux d'abord faire le point sur ce que moi je ressens avant d'aller plus loin. J'ai besoin de mettre tout ça au clair. D'accord ?"

Puis il changea de sujet et demanda à la jeune fille, mi-taquin mi-sérieux.

"A toi, maintenant. Qu'est-ce qu'il y a avec Chiba ? J'ai senti une sorte de tension tout à l'heure, je me trompe ? Vous vous êtes disputés ?"

Arwen le relâcha, lui ayant apporté tout le réconfort dont il avait besoins.

"Moi et Chiba? Non, rien de particulier..."

Bah quoi?! Elle n'allait pas lui dire qu'elle se sentait un poids pour son petit ami parce qu'elle s'était faite étalé par le gardien. Qu'elle avait été inutile et qu'elle avait entraîné Chiba dans des ennuis.

Et cette Ami-elle-savait-plus-quoi... Cette fille avait le don de l'énerver au plus haut point! Elle se permattait d'aller flirter avec son petit ami! C'était pas parce que Arwen n'avair pas utilisé la fiole de Maïlyse avec Chiba que l'autre pimbêche pouvait se permettre de le tripoter!

"Absolument rien." dit-elle dans un sourire.

Askôn eut un sourire particulier, un peu amusé un peu triste, entre les deux. Etait-il amusé ou attristé de la réaction d'Arwen, difficile de savoir. Sûrement les deux à la fois.

"Tu ne veux pas m'en parler ? Je pensais que ça te ferai du bien de le raconter, mais apparemment non. C'est toi qui décide. Simplement..."

L'ambigüité de son expression s'effaça pour laisser place à un air gentiment moqueur, avec un zeste de reproche amical.

"N'espère pas me donner le change en me répondant que rien ne c'est passé, ou que tout se passe bien ou quoi que ce soit de ce genre là. Quand tu te sens coupable de quelque chose, peut-être d'être inutile, ou quelque chose comme ça, et quand tu es agacée par quelque chose, je le sens. Tu peux ne pas vouloir me dire, c'est tout à fait ton droit, et c'est compréhensible, mais tu ne peux pas me tromper là-dessus."

Arwen prit un air ennuyé.

"Il faudrait vraiment que je travaille sur mon bouclier, je suis une vrais passeoir si tu resens tout."

Elle ria nerveusement.

"Disons que je n'ai pas digéré ma nulité lors du combat contre le gardient et que l'amie de Chiba qui vient d'arriver à l'académie ne me plait pas du tout."

Askôn lui sourit.

"Pour ton bouclier, je ne crois pas que ce soit ça, le problème. Ca serait plutôt de mieux contrôler tes sentiments. Ton bouclier peut être parfait, si tu laisses tes émotions prendre le dessus, comme c'est toi qui crées ton bouclier, elles se répercutent dedans, et je les sens quand même."

Puis Arwen lui dit nerveusement ce qui la tracassait. Il lui posa la main sur l'épaule et lui répondit :

"Pour l'histoire de ta prétendue nullité... L'amour n'a rien à voir avec l'utilité. Et je ne suis pas du tout sûr que tu aies été inutile. Je pense plutôt que tu lui as donné la force d'aller jusqu'au bout. Je ne peux pas te l'affirmer, puisque je n'étais pas là, mais c'est le sentiment que j'ai. Quant à son amie qui vient d'arriver..."

Il la prit par les épaules, fit mine de l'examiner, puis répondit, le sourire aux lèvres, mais avec un air très sérieux :

"Je crois que tu peux te faire confiance là-dessus. J'espère que Chiba n'est pas assez stupide pour ne pas se rendre compte de ce que tu vaux. Tu es quelqu'un d'exceptionnel, Arwen. Et je ne te dit pas cela pour te faire un compliment. Je le pense réellement, et je ne suis pas le seul. Alors tu n'as pas à t'en faire. Si Chiba ne s'en est pas rendu compte, alors, c'est qu'il n'est pas tel que je le croyais : un garçon fin et intelligent. Alors ne t'en fais pas pour ça. D'accord ?"

"Plus facile à dire qu'à faire. J'ai tendance à être raisonnable parfois mais là..."

Elle le regardait avec une lueur de colère qui ne lui était pas destiné.

"Elle lui tourne autour, il sait que je suis d'une grande jalousie, mais ça ne l'empêche pas de la laisser faire. Et qu'elle le prend par le bras, et qu'elle le prend par la taille, et qu'elle flirt avec lui que ça ne change rien!"

Askôn soupira. Les choses étaient souvent bien compliquées.

"Deux possibilités, Arwen. Soit il la connait bien, ils ont l'habitude d'être familier l'un avec l'autre, et il ne se rend même pas compte de ce que tu peux en conclure, parce qu'il ne peut pas l'imaginer. Soit, effectivement... il le sait et il la laisse faire quand même. Soit pour t'embêter, soit..."

Il ne se sentit pas le courage de terminer sa phrase. Arwen avait dû réaliser par elle-même ce que ça pouvait vouloir dire. Il rajouta :

"Mais ne saute pas trop vite aux conclusions : ma première explication est tout à fait plausible. Je crois que c'est ce genre de chose qui nous est arrivé, à Maria et moi. Comme je connaissais très bien Maïlyse, nous étions... disons comme un frère et une sœur. Mais on pouvait aussi croire qu'on était ensemble, et c'est ce qui s'est passé, à mon avis. Je ne dis pas que c'est forcément le cas pour Chiba et cette amie, mais... c'est juste pour te prouver que c'est très possible."

Il ferma un moment les yeux. En parlant de Maria, il n'avait pas ressenti de la douleur et de la culpabilité, comme avant. Plutôt de la mélancolie, et un souvenir. Il espéra dans sa tête :

*Pourvu que ce soit le cas pour Chiba. Arwen ne doit pas souffrir comme ça.*

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